La vie à yélo
Un jour comme ça, il fait forcément beau ; l’air est doux comme dans un été indien à la Joe Dassin ; le soleil d’automne vous fait la peau abricot à la manière d’une crème teintée Agnés B ; vous laissez tomber l’écharpe, gorge offerte aux rayons d’un soleil soudain ragaillardi. Les feuilles jaunissantes retardent pour vous leur chute inexorable vers l’hiver. Les enfants sont beaux, barbouillés d’une confiture de mûre que vous n’ôterez pas puisque papa s’occupe d’eux, tandis que –oh liberté suprême ! – vous vous apprêtez à abandonner cet adorable petit monde pour enfourcher votre élégante monture : ce bitwin ou autre vélib, cette bicyclette chantée par Montand et définitivement baptisée par ma Margot : le «yélo » (à prononcer « yellow » comme dans l’hymne sous-marin des Beatles).
Des jours comme ça on accepte de les vivre en roue libre. Perchée sur son bi, on sourit aux passants – intrigués forcément par ce flagrant délit de réjouissance- ; on dit « merci » plus que de raison aux automobilistes qui – admiratifs devant tant d’allégresse – vous tirent une révérence en vous cédant le passage. On ne se sent pas vraiment « normale » -car le bonheur n’est pas si banal – et on sait que ça se voit mais quelle importance ! Il y a des jours comme ça…