Mal di pietre

Publié le par Maude


Pourquoi faut-il lire  Mal de pierres de Milena Agus ?

 

1- C’est un formidable récit : concis, subtil, fin, intelligent et admirablement construit. Un enchantement d’une rareté absolue.

2- Il y est question des bizarreries du sentiment amoureux, de la puissance de l’imagination, du rôle de la transmission dans l’écriture, des femmes dans une Sardaigne d’un autre âge.

3- C’est un bijou de l’art romanesque, intemporel en dépit de son inscription dans un lieu (la Sardaigne et le continent italien) et une époque (la 2nde guerre mondiale et l’après-guerre) qui questionne le genre et le définit quant à son rapport à la vérité.

4- Ce n’est pas une nouveauté puisqu’il a reçu le prix Femina étranger en 2007 mais il  a enfin paru en Livre de poche (5 euros).

5- On ne peut que se prendre d’affection pour sa discrète auteure, Milena Agus, sarde, prof de lettres et d’histoire, qui a révélé son talent avec seulement trois romans (Battement d’ailes, 2008 et Mon voisin, 2009). On la découvre à travers sa perception lumineuse de l’écriture développée dans la postface du roman intitulée Comme une funambule. Elle confesse avec humour qu’elle a toujours écrit des histoires d’amour  mais que ces textes, trop mielleux lui soulèvent désormais le cœur.

« Maintenant, dit-elle, j’écris encore des histoires d’amour. Mais sans mièvrerie et avec ironie. […] Car c’est ainsi que je vois la vie, misérable et merveilleuse, et communiquer exactement ce que je sens, me comble. »


Elle nous comble aussi !

 

« Si je devais ne jamais te rencontrer, fais qu’au moins, je sente le manque de toi. »

(Pensée d’un soldat dans le film La ligne rouge)

 

I

         Grand-mère connut le Rescapé à l’automne 1950. C’était la première fois qu’elle quittait Cagliari pour aller sur le continent. Elle approchait des quarante ans sans enfants, car son mali de is perdas, le mal de pierres, avait interrompu toutes ses grossesses. On l’avait donc envoyée en cure thermale, dans son manteau droit et ses bottines à lacets, munie de la valise avec laquelle son mari, fuyant les bombardements, était arrivé dans leur village.

Publié dans Littérature

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L
envie de te suivre dans cette lecture...
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C
Eh bien, je vous remercie.
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R
"Maintenant, dit-elle, j’écris encore des histoires d’amour. Mais sans mièvrerie et avec ironie."<br /> <br /> Rien que pour ces phrases, j'y cours !
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T
De bonnes raisons de le lire, en effet - une approche originale de ce roman que j'ai beaucoup apprécié. La dernière phrase citée, je l'avais reprise dans mon billet de lecture et je la relis ici avec plaisir.
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