Palme d'o.

Publié le par Maude

        
Sous la douche. L’eau ruisselle sur épaules, nuque, dos. Cheveux relevés en un chignon brouillon. Elle, repliée sous la nappe d’eau. Le liquide contourne fesses, hanches et s’écoule, sous les pieds, en un glouglou singulier.

         Jet d’associations d’idées. Là un drap de bain posé hâtivement sur un radiateur froid. Laisser tomber.

         Vague reflet dans la paroi vitrée qui la sépare de l’espace sec, aride ; vannes ouvertes aux pensées projetées sur l’écran mouvant : diaporama cinéma.

         Un pied serti de rouge s’extrait des eaux. Maman rejoue à son insu une comtesse aux pieds nus. Recroquevillée sous une chemise Petit Bateau, la petite observe la scène à hauteur de genoux, admirative et émue comme au spectacle.

         Il fait bon ; ça sent bon, plus que dans toute autre pièce de la maison et maman pose son pied mouillé sur la moquette bouclée, « tête de nègre ». Appellation choquante qui ouvre à elle seule un continent.

         C’est l’été. La tête dans le sable. Pose Lolita. Sous le parasol. Celui de la grand-mère, morte bien avant sa naissance. C’est le pompon. Le parasol bleu à pompons. Celui qu’elle aime parce qu’il semble sorti d’une autre histoire que la sienne. Une Histoire du Temps Jadis, de vacances à la mer, de culottes hautes de coton blanc aperçues sur les photos aux bords dentelées – en noir et blanc – précieusement conservées dans l’album de cuir fauve.

         C’est l’été. Associations d’idées. L’été meurtrier. Adjani a le regard bleu piscine. Isabelle allume le garagiste de sa démarche chaloupée de bêcheuse piégée.

         Elle doit sorti de sa douche, arrêter l’eau.

         La reine Margot à la robe maculée entre en scène. Temps arrêté sur l’admirable actrice devenue poupée gonflée. Elle pense à ce film japonais récemment projeté : Kuki Nigyo – Air Doll – l’histoire d’une poupée gonflable qui devient peu à peu humaine…

         Isabelle manque d’air – robe corsetée - balbutie, inspire, se reprend. Intacte fragilité mégalomane. Une autre remercie avec une grâce confondante, papa-maman, son mari et ses enfants. Charlotte for ever.

         Le petit chat est mort et Anita léchouille le minet blanc qui court les rues romaines.

         La fontaine de Trevi est tellement décevante.

         Elle ferme le robinet.

         Des pensées.

 

 

Publié dans (Im)perfection

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Q
Je n'ai pas vu tous ces films... seulement quelques uns mais ils suffisent à imaginer.<br /> <br /> C'est un peu ça, c'est vrai. Une multitude d'idées dans quelques minutes de bien-être quotidien.<br /> <br /> Merveilleux texte.
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M
Quel ravissant texte de cinéphile!
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A
Merci de revisiter ces classiques en "mode aquatique"; quelle réussite!
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