Michel Onfray et l'écriture de soi

Publié le par Maude


« L'histoire montrée vaut moins que l'histoire cachée - et que je conserverai cachée. Plus je parle, moins je dis ; plus je raconte le racontable, mieux je dissimule l'indicible qui doit le demeurer. L'autobiographie protège ce que l'on doit maintenir sous le boisseau, puis sous la cendre, coûte que coûte. Le bruit fabriqué par mes soins en un lieu autorise une diversion qui permet ailleurs le silence auquel je tiens plus que tout. Et ce bruit n'est pas volontaire, il suppose une généalogie inconsciente, une impulsion aveugle, une force brutale et un précurseur sombre. L'autobiographie surnage, en partie émergée de l'iceberg. Mais sous l'eau se jouent des combats titanesques entre des courants monstrueux. […]

Seules existent sur un être des perspectives et la possibilité de les croiser. Tout un chacun, quand il raconte son enfance sans intention de travestir ou de mentir, produit un discours apparenté au roman : une histoire avec des personnages secondaires et un personnage principal, des péripéties, des anecdotes, des odyssées, des voyages initiatiques et des expériences mises en verbe, le tout organisé dans un violent mouvement de spirale autour de ce point aveugle sur lequel s'enroule l'individu se racontant. »


Michel Onfray
 extraits de L'archipel des comètes, Journal hédoniste, tome 3
 1- Construire une diversion fabuleuse 

Lettre à Philippe Lejeune sur le roman autobiographique

Publié dans Littérature

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M
<br /> Je l'ai lu, mais je ne suis pas fan d'Onfray...<br /> <br /> <br />
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